Wittgenstein : la Fin de la Philosophie..

 

Le déclin, ou la fin, de la philosophie est un thème majeur du XX° siècle. L’évolution rapide de disciplines comme la logique, la psychanalyse ou la linguistique, à la fin du XIX° et au début du XX°, permettent soudain l’apparition de nouvelles objections portant non plus sur tel ou tel argument philosophique, mais sur les concepts et les stratégies discursives même de la philosophie. Emile Benveniste (in Problèmes de Linguistique Générale, Gallimard) établit par exemple une critique de l’être à partir de l’étude de la langue grecque : « La langue n’a évidemment  pas orienté la définition métaphysique de l’être, mais elle a permis de faire de l’être une notion objectivable, que la réflexion philosophique pouvait manier, analyser, situer comme n’importe quel autre concept [...] Tout ce que je veux montrer ici est que la structure linguistique du grec prédisposait la notion d’être à une vocation philosophique. » Il est clair dans ces conditions que la prétention à l’universalité de la philosophie est ruinée ; si ses concepts dépendent de la structure d’un substrat préexistant, d’une langue particulière, ils n’ont plus aucune légitimité universelle. D’autres vont encore plus loin dans la critique, pour considérer la philosophie dans son ensemble comme une pure et simple erreur : « La philosophie est le dernier aspect sous lequel se perpétuent les deux puissances d’illusion dont toute la pensée moderne a précisément tendu et réussi, dans les autres domaines de la vie intellectuelle à affranchir l’esprit humain : la religion et la rhétorique. » (J.F. Revel, in Pourquoi des Philosophes, ed. J.J. Pauvert). Or ce mouvement de contestation radicale connaît une étape essentielle avec la publication par Wittgenstein d’un petit livre : « Le Tractatus Logico-Philosophique », préfacé par Russel, et dont le courant du Positivisme Logique (aussi connu à ses débuts sous le nom de Cercle de Vienne) s’inspirera bientôt pour réfuter en bloc toute la métaphysique comme un pur et simple abus de langage.

 

Le Tractatus se présente comme une succession de propositions organisées selon une numérotation binaire (1, 1.1, 1.11, 1.12, 1.13, 1.2, etc). Cette mise en ordre permet d’une part une interpolation infinie, et d’autre part déploie en chacun de ses points une hiérarchie de niveaux superposés. Elle a pour fonction de tenir lieu d’enchaînement argumentatif entre les propositions, qui se présentent ainsi comme autant de primitives logiques. Ce procédé original de l’exposition systématique a également comme conséquence immédiate et évidente d’effacer toute trace d’ancrage énonciatif du discours. Si le Tractatus tend ainsi à épurer au maximum le procès de la pensée de toute interférence énonciative, c’est que pour Wittgenstein tout ne peut être dit ; le langage peut dire certaines choses, mais ne peut qu’en montrer certaines autres. Postulant une identité de structure entre le monde et le langage, il distingue les objets du monde, que l’on peut dire ou représenter, et dont les propositions vraies offrent une image logique, par définition adéquate et complète. Et les autres : la forme même de la représentation, dont on ne peut rien dire, que l’on peut seulement montrer. Or la subjectivité est de ceux-là, puisque c’est elle qui possède en dernier ressort le pouvoir de représenter par le langage. Il apparaît donc que l’auteur du Tractatus distingue deux ordres de choses : celles dont on peut parler (domaine de la logique, du dicible), et celles que l’on doit taire (domaine du montrable indicible).

 

Tous les passages ci-dessous sont extraits du « Tractatus Logico-Philosophicus », coll. Tel, ed. Gallimard, 1986, trad. P. Klossowski). Je les ai regroupés en quelques thèmes essentiels qui permettent - je l’espère - d’appréhender une part de ce que l’ouvrage apporte de nouveau, voire de scandaleux, à la pensée moderne. Chaque paragraphe est suivi d’un bref commentaire destiné à éclairer quelque peu le lecteur ; celui-ci ne devrait cependant pas faire l’économie d’une réflexion attentive aux propositions de Wittgenstein sous peine de n’y rien comprendre, ou pire : d’y comprendre autre chose que ce qu’elles expriment.

 

            I / L’être.

3.221 Je ne puis que nommer les objets. Les signes les représentent. Je ne puis que parler des objets, je ne saurais les prononcer. Une proposition ne peut que dire d’une chose comment elle est, non ce qu’elle est.

[...]

3.323 Dans le langage quotidien, il arrive très fréquemment que le même mot désigne d’une manière différente - donc appartienne à différents symboles - ou que deux mots, qui désignent de manière différente, soient utilisés extérieurement de la même manière dans la proposition.

Ainsi apparaît le mot « est » en tant que copule, en tant que signe d’égalité et en tant qu’expression d’existence ; le mot : « exister » en tant que verbe intransitif comme le mot « aller » ; « identique » en tant qu’adjectif ; nous parlons de quelque chose mais aussi de ce qu’il se passe quelque chose.

(Dans la proposition « Le Vert est vert » - où le premier mot est un nom propre, le dernier un adjectif - ces mots n’ont pas simplement une signification différente, mais ce sont des symboles différents.)

- Commentaire : Le nom d’une chose ne signifie rien quant à son être, nous pouvons simplement dire comment telle chose est, la décrire, non ce qu’elle est. Parler de l’être en tant que tel est également hors de question, car dire qu’une chose est ne signifie rien non plus quant à son être, mais constitue un simple jugement d’existence. Le concept d’être (comme bien d’autres de la métaphysique) n’est que la conséquence d’une confusion, favorisée par l’imprécision du langage quotidien entre être et exister (cette idée rencontrera un écho favorable chez Heidegger par exemple, pour qui depuis toujours la métaphysique, croyant parler de l’être, n’a jamais fait que parler de l’étant.)

 

            II / Le rôle de la philosophie.

4.11 La totalité des propositions vraies constitue la totalité des sciences de la nature.

4.111 La philosophie n’est aucune des sciences de la nature.

(Le mot « philosophie » doit signifier quelque chose qui est au-dessus ou au-dessous, mais non pas à côté des sciences de la nature.)

4.112 Le but de la philosophie est la clarification logique de la pensée.

La philosophie n’est pas une doctrine, mais une activité.

Une œuvre philosophique consiste essentiellement en élucidations.

Le résultat de la philosophie n’est pas un nombre de « propositions philosophiques », mais le fait que des propositions s’éclaircissent.

La philosophie a pour but de rendre claires et de délimiter rigoureusement les pensées qui autrement, pour ainsi dire, sont troubles et floues.

 

- Commentaire : La philosophie selon Wittgenstein doit reconnaître qu’elle est toute entière tributaire du langage. D’autre part, pour ce qui est de la description du monde, les sciences de la nature y pourvoient complètement. Il ne reste donc à la philosophie que le rôle de la logique qui permet cette description de manière rigoureuse dans le langage.

 

            III / Limites du langage.

4.116 Tout ce qui peut être en somme pensé, peut être clairement pensé. Tout ce qui se laisse exprimer, se laisse clairement exprimer.

4.12 La proposition peut représenter la réalité totale, mais elle ne peut représenter ce qu’il faut qu’elle ait en commun avec la réalité pour pouvoir la représenter - la forme logique.

Pour pouvoir représenter la forme logique il faudrait que nous puissions nous situer avec la proposition en dehors de la logique, c’est-à-dire hors du monde.

4.121 La proposition ne peut représenter la forme logique, celle-ci se reflète dans la proposition.

Ce qui se reflète dans le langage, le langage ne peut le représenter.

Ce qui s’exprime soi-même dans le langage, nous-mêmes ne pouvons l’exprimer par le langage.

La proposition montre la forme logique de la réalité. Elle l’exhibe.

[...]

4.1212 Ce qui peut être montré ne peut pas être dit.

 

- Commentaire : la forme logique du langage, l’adéquation entre monde et langage, ne peut être représentée par le langage lui-même. Pour cela, il faudrait un métalangage qui permettrait d’observer et le langage et le monde, puis de décrire le rapport exact qu’ils entretiennent. Mais outre que selon Wittgenstein, il n’y a pas de métalangage, celui-ci pour être à son tour élucidé exigerait l’existence d’un méta-métalangage, etc (la régression serait à l’infini). Le langage ne peut que montrer son adéquation avec le monde dans les propositions correctement formées qui correspondent à des faits du monde correctement exprimés.

 

            IV / Le sujet pensant.

5.61 La logique emplit le monde : les limites du monde sont aussi ses propres limites.

Par conséquent nous ne saurions dire en logique : il y a telle et telle chose dans le monde, non pas telle et telle chose.

Cela semblerait en effet présupposer que nous excluions certaines possibilités, ce qui ne saurait être le cas, puisque alors la logique devrait transgresser les limites du monde ; c’est-à-dire si elle pouvait aussi considérer ces limites de l’autre côté.

Ce que nous ne pouvons penser, nous ne saurions le penser ; donc nous ne pouvons dire ce que nous ne saurions penser.

5.62 Cette remarque nous donne la clef pour résoudre la question de savoir dans quelle mesure le solipsisme est une vérité.

Ce qu’en effet le solipsisme entend est parfaitement juste, sauf que cela ne peut se dire, mais se montre. Que le monde soit mon propre monde, voilà qui se montre dans le fait que les limites du langage (du seul langage que je comprenne) signifient les limites de mon propre monde.

5.621 Le monde et la vie sont un.

5.63 Je suis mon (propre) monde. (Le microcosme.)

5.631 Il n’y a pas de sujet pensant capable de représentation.

Si j’écrivais un livre « le monde tel que je l’ai trouvé », il faudrait aussi y parler de mon corps et dire quels sont les membres soumis à ma volonté, quels autres ne le sont pas, etc ; c’est là en effet une méthode qui consiste à isoler le sujet ou plutôt à montrer qu’en un sens important il n’y a point de sujet : c’est la seule chose dont il ne saurait être question dans ce livre.

5.632 Le sujet n’appartient pas au monde, mais il constitue une limite du monde.

 

- Commentaire : Le sujet, c’est-à-dire celui qui use du langage pour représenter le monde est une limite absolue du monde. Il ne peut se représenter lui-même ; s’il le tente, il ne peut le faire qu’en s’appréhendant comme un objet du monde, mais d’où parle-t-il alors ? Le problème se déplace d’un cran, mais la limite est inatteignable (sur le modèle du paradoxe d’Achille et de la tortue) puisqu’il est impossible de dire ce qui est hors du monde.

 

            V / La loi de causalité.

6.363 Le processus de l’induction consiste dans le fait que nous admettons la loi la plus simple qui puisse être mise en accord avec nos expériences.

6.3631 Or ce processus n’a pas de fondement logique, mais seulement psychologique.

Il est clair qu’il n’y a pas de raison de croire que dès lors se produirait réellement le cas le plus simple.

6.3632 Que le soleil se lèvera demain est une hypothèse ; c’est-à-dire que nous ne savons point s’il se lèvera.

6.37 La nécessité selon laquelle une chose devrait se produire, parce qu’une autre s’est produite, n’existe pas. Il n’y a pas de nécessité logique.

 

- Commentaire : L’induction, qui pose un futur, non encore advenu dans le monde, donc parle d’une certaine manière de quelque chose qui est hors du monde (présent) n’est pas rigoureuse. Rien ne garantit par exemple que les lois de la Physique actuelle qui prédisent le lever du Soleil demain matin soient justes ; le mouvement des astres répond peut-être à d’autres lois que nous n’avons pas encore découvertes et selon lesquelles le Soleil ne se lèvera pas demain matin. A la limite, nous n’en saurons rien avant la fin des temps...

 

            VI / Les limites de l’exprimable et au-delà.

6.41 Le sens du monde doit se trouver en dehors du monde. Dans le monde toutes choses sont comme elles sont, et se produisent comme elles se produisent : il n’y a pas en lui de valeur - et s’il y en avait une, elle n’aurait pas de valeur.

S’il existe une valeur qui ait de la valeur, il faut qu’elle soit hors de tout événement et de tout être-tel (So-sein). Car tout événement et être-tel sont accidentels.

Ce qui les rend non-accidentels ne peut se trouver dans le monde car autrement cela aussi serait accidentel.

Il faut que cela réside hors du monde.

[...]

6.44 Ce qui est mystique, ce n’est pas comment est le monde, mais le fait qu’il est.

[...]

6.5 Une réponse qui ne peut être exprimée suppose une question qui elle non plus ne peut être exprimée.

L’énigme n’existe pas.

Si une question se peut absolument poser, elle peut aussi trouver sa réponse.

(note : Il faut bien comprendre que cela signifie que « l’Enigme » (celle du sens de la vie), en entendant par là l’Enigme suprême, l’énigme de toutes les énigmes n’existe pas en tant que telle (énigme) : une question qui dans les termes mêmes où elle est posée détruit la possibilité de toute réponse n’existe plus en tant que question. Ainsi, le problème réputé « insoluble » n’est plus du tout un problème mais un « pseudo-problème » et toutes les questions métaphysiques sont de cet ordre.)

[...]

6.522 Il y a assurément de l’inexprimable. Celui-ci se montre, il est l’élément mystique.

(note : le mot « bleu » en français est une désignation d’expérience pour le clairvoyant mais non pour l’aveugle-né [...] il en résulte que l’expérience correspondant au mot bleu est effectivement incommunicable par les moyens du langage.)

6.53 La juste méthode de philosophie serait en somme la suivante : ne rien dire sinon ce qui peut se dire, donc les propositions des sciences de la nature - et donc quelque chose qui n’a rien à voir avec la philosophie - et puis à chaque fois qu’un autre voudrait dire quelque chose de métaphysique, lui démontrer qu’il n’a pas donné de signification à certains signes de ses propositions. Cette méthode ne serait pas satisfaisante pour l’autre - il n’aurait pas le sentiment que nous lui enseignons de la philosophie - mais elle serait la seule rigoureusement juste.

[...]

7 Ce dont on ne peut parler, il faut le taire.

 

- Commentaire : en conclusion, il ne s’agit pas pour Wittgenstein de dénier qu’il existe bien un au-delà du langage ; il ne dit pas que tout est langage, mais simplement que tout ne peut se dire dans le langage. Cet au-delà, le sens du monde, appartient pour lui au domaine mystique, que le langage ne peut que montrer et non pas dire ; par conséquent Ehique (le Bien) et Esthétique (le Beau) sont impossibles comme discours (de même que ceux concernant la mort, l’âme, Dieu, etc.) Wittgenstein ne dit pas que la métaphysique en tant que telle est dénuée d’intérêt, il affirme simplement que son discours ne peut être. Il ne nie pas qu’elle ait un sens, mais seulement que celui-ci ne puisse être élucidé par le langage. Son propos trace une ligne de démarcation entre le dicible (le monde décrit par les sciences de la nature de manière logique) et l’indicible (le sens du monde montré par le langage, et qui est un élément mystique.)

 

L’exposition systématique, qui correspond à la présentation du Tractatus logico-philosophicus, a pour fonction de situer l’appareil formel de l’énonciation sur un plan extrêmement neutre : effacement de la subjectivité de l’auteur, caractère universel du destinataire, réduction des fonctions dialogique et polémique.

 

  1. Le destinataire universel.

La seule véritable adresse de Wittgenstein au lecteur appartient à la préface du texte (donc hors-texte) : « Il se peut que ce livre ne soit compris que par celui qui aura lui-même déjà pensé les pensées qui y sont exprimées - ou des pensées analogues. » Le statut du destinataire de l’ouvrage est donc très précaire ; il s’agit d’un autre quelconque, indéterminé, en mesure de le recevoir. Il faut noter le caractère indirect de cette adresse au lecteur, mais plus encore, il faut remarquer le peu d’altérité, par rapport à l’auteur lui-même, qui est supposé de ce lecteur idéal. Qu’est-ce qu’un autre qui aurait déjà pensé les pensées du Tractatus, si ce n’est quelqu’un qui en toute logique serait également en mesure de l’écrire, un autre Wittgenstein ? Est-ce à dire que Wittgenstein n’écrit que pour lui-même ? Certainement pas, mais cela signifie plus sûrement qu’il n’entend pas faire appel aux émotions, aux expériences, aux sentiments du lecteur, bref qu’il ne s’adresse pas à sa subjectivité. Cette figure neutre du destinataire universel est intimement liée à celle d’un énonciateur tout aussi universel.

 

  1. L’Effacement de la subjectivité de l’auteur.

Une règle (quasi) universelle énonce qu’il existe une relation entre l’emploi des indices de subjectivité dans la langue des philosophes, et le statut qu’ils accordent à la subjectivité. Dans le cas de Wittgenstein, nous avons vu que le sujet appartient aux limites du monde, donc qu’il n’est pas dicible, mais seulement montrable. Il n’est donc pas étonnant de ne rencontrer dans le Tractatus aucun repère énonciatif, aucune trace du sujet-auteur (à l’exception de la préface, mais celle-ci n’appartient pas au corps même du texte). On pourrait certes objecter que le texte contient quelques « je », et quelques « nous », mais ces occurrences sont toujours neutres, et ne désignent à proprement parler personne, ou plutôt tout homme. Lorsque Wittgenstein dit : « je ne puis que nommer les objets », ce n’est évidemment pas de lui qu’il parle, mais de l’homme en général en tant qu’il possède un langage. Plutôt qu’un auteur effacé, nous devrions donc considérer que nous avons affaire à un sujet énonciateur universel, le sujet en général. Quel est-il ? Nous n’en savons rien ; conformément à son programme le Tractatus ne fait que le montrer, il ne le dit pas...

 

  1. Réduction des fonctions dialogiques et polémiques.

Wittgenstein ne dialogue pas avec d’autres formes de pensée, il ne polémique pas avec elles. Le Tractatus se pose comme un point de vue unique et absolu. Pourtant l’adversaire à combattre existe ; il s’agit de la métaphysique à laquelle l’auteur dénie toute pertinence en tant que discours. Ce que dit la métaphysique ne peut se dire, seulement se montrer... mais au moins faut-il dire que cela ne peut se dire : « 4.003 La plupart des propositions et des questions qui ont été écrites sur des matières philosophiques sont non fausses, mais dépourvues de sens. Pour cette raison, nous ne pouvons absolument pas répondre aux questions de ce genre, mais seulement établir qu’elles sont dépourvues de sens. La plupart des questions de la philosophie viennent de ce que nous ne comprenons pas la logique de notre langage. » Ainsi, si le Tractatus opère une réduction maximale du dialogue ou de la polémique avec la philosophie, il ne peut complètement les effacer en tant que fonctions indispensables à situer tout texte théorique. La philosophie est rejetée en bloc comme insensée, elle est « neutralisée », finie, mais elle n’est pas totalement absente du Tractatus.

 

Il ne reste à présent qu’à clore ce bref exposé, en souhaitant avoir communiqué un peu du sentiment que le Tractatus logico-philosophicus ne peut être purement et simplement ignoré par qui s’intéresse à la pensée du XX° siècle. Il est un acte inaugural, se fondant sur l’exclusion de tout ce qui a précédé en fait de discours philosophique. Il indique une tâche et une limite : décrire le monde, tout comme le procédé de l’exposition systématique qui s’y déploie indique cette même limite dans le champ du discours adressé à l’autre : le sujet. Concluons donc sur la profonde cohérence entre la stratégie discursive adoptée par Wittgenstein et les positions théoriques qu’il présente dans son ouvrage. Au-delà... ce n’est plus le domaine du dire, mais du montrer, « l’élément mystique ».