Consultation d’Enfants

 

 

 

 

 

 Un enfant est parlé ; il est parlé avant même que de parler. L’état d’infans1 - terme latin d’où est issu notre mot « enfant » - signifie qu’il a en revanche beaucoup à écouter : « il ne m’écoute pas » ou « il n’écoute rien » est d’ailleurs une plainte régulière des parents, des éducateurs, des enseignants qui amènent un enfant en consultation.

Pourquoi un enfant, dans ces conditions, rencontre-t-il un « psy » ? La plupart du temps, parce qu’il fait symptôme pour les adultes ; il fait symptôme dans le registre des représentations qui leur appartient : il ne se conforme pas (à l’idée que l’on s’en fait), il refuse ce bien qu’on lui veut (« si je t’ordonne cela, c’est pour ton bien »). Le conflit entre l’adulte - ou les adultes – et l’enfant a toujours pour implicite la formule suivante : « je sais mieux que toi ce qui est bien pour toi ». Est-ce toujours absolument certain ?

 Une petite fille que je rencontrais dans une institution me disait un jour : « Madame X… est psychomotricienne, Madame Y… est orthophoniste, Monsieur Z…, lui, c’est le directeur. Et toi, tu es… Monsieur Desmaison ». Où s’entend certes une adresse singulière pour le transfert (un jeune garçon disait, lui : « tu es MON Monsieur Desmaison »), mais également – et le sourire ravi de l’enfant pendant cette énonciation l’indique – la possibilité d’une parole moins la supposition d’une attente spécifique de l’Autre adulte, moins la dimension éducative qui fait le fonds de toute relation entre un enfant et un adulte, la possibilité de n’être plus, dans ce temps d’une séance, traité comme un infans.

 


1. Formé de in- préfixe négatif et du participe présent de fari « parler ».

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