« Entre les hommes et les femmes, ça ne colle pas », disait Jacques Lacan. Et l’innamoramento  - l’énamoration -, s’il paraît procéder d’un miracle de réciprocité : « amor ch’a nullo amato amar perdona¹ », se traduit pourtant d’un néologisme : l’« hainamoration ». Et pourquoi pas… Faire exister un Autre, l’élever au rang d’interlocuteur privilégié, n’est pas sans produire certains effets indésirables – indésirables au regard de la norme ou de l’idéal entre lesquels oscille la relation de couple moderne.

Certes, des couples se forment toujours, mais ils se cristallisent souvent autour d’une certaine déception et se dissolvent parfois dans la haine et l’amertume. Le travail en couple ne vise pas à supprimer le malentendu, à le rayer d’un trait de plume, plutôt à l’éclaircir.

Cet « on ne s’entend plus », « on n’arrive plus à s’entendre », qui constitue la formule générique d’une plainte doit s’explorer au cas par cas. Car ce jeu en quoi consiste d’adresser à un autre sujet humain sa passion - ou plutôt ses passions puisqu’elles font triptyque : amour, haine et ignorance – a ses règles, à chaque fois singulières, qu’il s’agit d’expliquer… si possible avant que l’un des deux partenaires ne quitte définitivement la partie.

1. « Amour qui à nul aimé ne fait grâce d’aimer » (Dante, Enfer, Chant V)